Fouquet, D’Artagnan, ou une amitié contrariée

Au XVIIe siècle, Louis XIV, ombrageux de la fortune, du faste et du pouvoir de son surintendant Fouquet, le fait arrêter et emprisonner par son capitaine de police, d’Artagnan.

La pièce commence lorsque d’Artagnan vient annoncer à Fouquet, déjà emprisonné depuis plusieurs années, son transfert à la prison de Pignerol. Les échanges entre les deux hommes sont courtois mais pleins de rancoeurs et de révoltes pour le politique et plus policées et tempérés pour le militaire. A travers leurs échanges, on sent cependant une estime réciproque, qui est le reflet d’une amitié profonde, tourmentée par toutes les épreuves du pouvoir.

Entre l’acte I et l’acte III, dix ans auront passé. Les sentiments amicaux et les revendications auront pris d’autres teintes…

D’Artagnan connaît l’amour et l’ascension sociale alors que Fouquet traverse l’oubli et l’enfermement.

Dans cette confrontation on assiste réjoui, à une joute verbale haute en couleur, où les confidences amoureuses, les menaces de complots, d’assassinat et les tentatives d’évasion se révèlent…

Mot de l’auteur

Dans cette pièce j’ai voulu montrer un autre visage de ces deux hommes, contrariant quelque peu la légende laissée par l’Histoire. On y découvre un d’Artagnan plus politique, et un Fouquet fondamentalement épris d’intégrité pour le royaume. Mais surtout l’on y voit deux êtres liés par une profonde amitié.

Donat Guibert

Notes d’intention du metteur en scène

Ignorant la relation qui unissait d’Artagnan à Fouquet, lorsque je lus ce texte pour la première fois, je fus saisi par ce lien amical « indéfectible » entre ces deux hommes ; un lien qui subit un bon nombre d’épreuves…

Cette pièce est un véritable « match » : chacun défend sa part d’amitié avec ferveur et passion, poussant l’autre dans ses ultimes retranchements. Tour à tour ces amis craquent l’un devant l’autre, puis se confient… Un dialogue sans concessions dans lequel chacun essaie de montrer qu’il est vraiment l’ami que l’on attend, et même peut-être plus…

De part l’écriture de l’auteur, une relation presque filiale apparaît entre Fouquet et d’Artagnan… Etant plus vieux de dix ans, Fouquet est-il le père que d’Artagnan aurait aimé avoir ? Et d’Artagnan, homme d’action, n’est-il pas le fils que Fouquet aurait souhaité ?

La concision du propos, un décor unique et sobre, stylisant une prison, et des costumes simples, sont là pour restituer l’époque. Un éclairage efficace est présent pour accompagner les comédiens.

Subtilité et précision des émotions sont le moteur de Donat Guibert et Alain Veniger. J’ai eu  un grand plaisir à travailler avec deux personnes aux qualités humaines et artistiques rares… Il est temps maintenant que ce plaisir soit partagé.

Jean-Paul Bazziconi